hymne du Cotentin
hymne du Cotentin
Sû la mé
Hymne du Cotentin
A Monsieur Louis Beuve
Refrain
Quand je syis sû le rivage, (quand je suis sur le rivage,)
Byin tranquile : êt’-ous coum’ mai ? (bien tranquille et tous comme moi ?)
J’pense à ceuss’ qui sount en vyage, (je pense à ceux qui sont en voyage,)
En vyage ou louan sû la mé. (En voyage au loin sur la mer.)
En vyage ou louan, (en voyage au loin,)
En vyage ou louan, sû la mé. (En voyage au loin, sur la mer)
Couplets
La mé ch’est vraiment superbe, (la mer, c’est vraiment superbe,)
Et j’aim’ byin, quand i fait biaô, (et j’aime bien quand il fait beau,)
L’été dans nous clios en herbe (l’été dans nos champs en herbe)
La vaî s’endormin eun miot. (La voir s’endormir un peu.)
Mais quaund o s’fach’, la vilaine, (Mais quand elle se fâche, la vilaine,)
Et qu’no z-entend de tcheu nous (et qu’on entend de chez nous)
La gross’ vouaix de la siraine, (la grosse voix de la sirène,)
No z’en a quasiment poû. (On en a pratiquement peur.)
Refrain
J’aim’ byin dans les jours de faête, (j’aime bien dans les jours de fête,)
Quand nous batiaôx sont à quai, (quand les navires sont à quai,)
A l’abri de la tempaête (A l’abri de la tempête)
A Thidbourg, comme ou Becquet ; (à Cherbourg, ou au Becquet)
Ch’est là qu’i sont l’mûx, sans doute, (c’est là qu’ils sont le mieux, sans doute,)
Des trouais couleurs pavouaisâés ; (des trois couleurs pavoisées ;)
Mais, la nyit, dans la Déroute (mais la nuit dans la Déroute)
Hélas ! Qu’i sont exposâés ! (Hélas ! qu’ils sont exposés)
Refrain
Quand o saôt’ pas d’ssus la Digue (quand elle saute par-dessus la digue)
Dont o fait tremblyi les bliocs, (dont elle fait trembler les blocs,)
Qu’à l’ancre l’vaisseau s’fatigue, (qu’à l’ancre, le vaisseau se fatigue,)
Ah, ver ! Je pense ès mat’lots. (Ah, oui, je pense aux matelots.)
Arrverront-i-lûs villages (reverront-ils leurs villages)
Et pourront-i-ratterri ? (Et pourront ils re terrir ?)
J’avaons de si maôvais parages (nous avons de si mauvais parages)
De Barfieu jusqu’à Goury. (De Barfleur jusqu’à Goury.)
Refrain
J’i deux fils dans la mareine (j’ai deux fils dans la marine)
— Deux forts et hardis gaillards ; — (-deux forts et hardis gaillards ;-)
L’eun revyint de Cochincheine, (l’un revient de Cochinchine,)
L’aôtre de Madagascar. (L’autre de Madagascar.)
I rentrent, lû corvâe faite ; (ils rentrent, leur corvée faite ;)
D’y penso, no n’en vit pas, (d’y penser, on n’en vit pas,)
Mais, que j’pliains, sans les counnaîte, (mais je plains sans les connaitre,)
Ceuss’ qui sont restâés là-bas. (Ceux qui sont restés là bas.)
Alfred Rossel (1895) Traduction : CRPMN